samedi 28 novembre 2009

Ne nous fâchons pas

Z'en faites pas, l'intitulé de ce billet ne s'apparente en aucun cas à un conseil que je pourrais donner à mes imminents collègues, tous sympatoches au demeurant, qui aiment à se déchirer sur la toile. Des gens biens sous tout rapport peuvent s'insulter par blogs interposés, ce sont leurs oignons pas les miens. Nan, le titre de cette bafouille fait référence à un film culte dont voici la bande annonce.



Ne nous fâchons pas , est le troisième volet d'une trilogie absurde et délirante concoctée par le fort sous-estimé Georges Lautner sur des dialogues du maître absolu en la matière, son altesse sérénissime Michel Audiard. Tapi dans l'ombre de ses prestigieux aînés, le mythique Les Tontons Flingueurs(1963) et le très maîtrisé Les Barbouzes (1964), le petit dernier, Ne nous fâchons pas (1965), n'en est pas pour autant un véritable joyau burlesque. Abracadabrantesque ajouterait même Chichi. Quoi de plus logique pourtant, le film commence dans une pharmacie avec une armoire à pharmacie nommée... Lino Ventura.



Le pitch du film est assez simple. AlloCiné le résume ainsi : Antoine Beretto (Lino Ventura) est un malfrat qui a élu domicile sur la Côte d'Azur après s'être retiré des affaires. Deux amis viennent lui rendre visite et les ennuis commencent...



Le pitch n'a que peu d'importance. L'essentiel est ailleurs. Magistralement mis en scène, le film part paradoxalement en vrille à chaque instant. Les personnages sont savoureux et interprétés par des acteurs au sommet de leur forme. Outre l'immense Lino, Jean Lefevbre est époustouflant dans le rôle de Léonard Michalon, un minable escroc horripilant. Il se voit ici s'offrir le meilleur rôle de sa carrière pour le moins inégale. Mireille Darc incarne son épouse et se montre comme à l'habitude sublissime. Michel Constantin se montre très crédible en restaurateur azuréen, meilleur ami de Lino.





Dans ce chef d'oeuvre loufoque, l'ennemi est clairement british. Incarné par un colonel et ses boys tout droit sortis de Carnaby Street. La gâchette et la dynamite faciles , ils exhibent des allures aussi pop qu'un Brian Jones ou qu'un Ray Davies.



Audiard, toujours au top niveau, livre ici quelques répliques d'anthologie :
- T'as de ces questions, on les appellent les british parce qu'ils sont british, C'est tout quoi! Ils sont une douzaine de mecs, on sait pas ce qu'ils maquillent ; ils ont loué une villa au cap d'Antibes. C'lui qu'à l'air du tolier est venu béqueter 2 3 fois. Ses petits boy-friends l'appellent "Colonel", genre homme du monde. Mais en fait de monde, j'crois plutôt qu'ils seraient du notre. Je veux dire l'ancien...
- L'ancien, l'ancien... Je viens de mettre un mec en l'air, maintenant nous v'là en croque-mort, tu permets, mais y'aurait comme de la relance sur la gelée de coings, non?... Et aussi, si tu m'avais pas refilé un flingue...
- Ben tu serais mort!
- Oui t'as raison. En cinq ans pas un mouvement d'humeur, pas une colère, même pas un mot plus haut que l'autre, pis d'un seul coup _CRACK_ la fausse note, la mouche dans le lait, han j'te dis que ça m'a secoué!

ou encore

- Beau jeune homme, il doit pas être loin de ses 75 kilos.

- J'l'ai pas pesé!
- Dans ces poids-là, j'peux vous l'embaumer façon Cléopatre, le Chef d'Oeuvre égyptien, inaltérable!
- Mais on vous demande pas de conserver, on vous demande de détruire!
- Haa! Heuuu... j'vous proposerais bien le puzzle "le congolais" : 32 morceaux plus la tête. Ou alors le cubilot de Vulcain : 10 tonnes de fontes, quinze-cents degrés, et vot' petit jeune homme se retrouve en plaque d'égout ou en grille de square.
- Non, NON! Ni en poignée de porte, ni en lampadaire, c'que j'veux c'est plus le voir, là!
- Mon ami tient un commerce.
- Hah bon!


Bref, si vous ne le possédez pas déjà, procurez vous ce monument du rire par tous les moyens. En attendant, voici onze minutes d'extraits pour les plus accrocs.

6 commentaires:

clarky a dit…

la belle mireille, constantin, le catcheur, même janot est regardable c'est dire !

un vrai bon moment de cinoche, et ça devient rare ces temps-ci !!!

lediazec a dit…

Sublime. De simplicité. De génie. De bonheur.

Seb Musset a dit…

Bien meilleur que les Barbouzes (Opus 2). ça me donne envie de le revoir tiens !

P.S : Tu peux uniformiser la taille de tes fenêtres Youtube dans le code HTML.

Pour l'association Lautner / Audiard, je conseille dans un autre gente "Mort d'un Pourri" et "Est-ce bien raisonnable ?"

b.mode a dit…

Vrai, les aminches, que c'est un bath de chouette film. Meilleur que les Barbouzes, assurément. Merci pour le tuyau, seb, j'ai rectifié les fenêtres...

Yann a dit…

Dis-moi Bernard, tu sais qu't'es vraiment une curiosité ! Merci.

b.mode a dit…

Merci à toi Yann, mais qu'entends tu par curiosité ? ;) Un phénomène de foire, un vilain australopithèque ou un zombie conservé dans le formol ?