vendredi 4 septembre 2009

Papy ne fait pas dans la dentelle


Il est des idéologies comme des stigmates, ça marque. Suivant une courbe précise et récurrente, l'idéologie s'ouvre un chemin dans les ténèbres de l'esprit pour ramener à la surface des souvenirs dont nous ne gardions en apparence plus de trace. En vérité, des souvenirs dont nous n'avons plus envie de nous souvenir. Dans la réalité de notre chair les idéologies ont la vie tellement dure que la rumeur des terreurs subies agit comme un ressort dans l'obscur refrain du présent.
Prenons l'exemple de cette compagnie de chauffage basée à Donetsk, en Ukraine. Les impayés s'accumulant cela plombe la société, menaçant le navire de couler et le personnel avec. Que faire pour stopper l'hémorragie ? Pour obliger les gens à acquitter leurs factures ? Une seule solution : on embauche des experts en recouvrement ? Ces spécialistes du règlement efficace, exerçant sur les rétifs le lot habituel de menaces, de contraintes et même pire, dans certains cas. Entendez par là des gens capables de faire peur, sans aller jusqu'à la violence corporelle, mais pouvant très bien s'immiscer dans le corps de vos relations vicinales afin de vous discréditer, propageant sur votre compte des informations personnelles. Oui, cela est une alternative envisageable, mais cela coûte cher, en salaires, en fiscalité, en conflits... L'entreprise n'a pas les moyens de s'offrir un tel luxe. Que faire ?
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le principe est admis : ce n'est pas le nombre d'employés qui fait la qualité de l'ouvrage. Partant de ce principe, les responsables de la compagnie ont imaginé une méthode de dissuasion beaucoup plus perverse. Un seul emploi a été décidé. Mais quel emploi ! C'est Staline en personne qui s'y est collé.
Et oui, vous avez bien lu : Staline ! Le p'tit père des peuples, revenu du diable Vauvert, a mis du sien pour éviter à l'entreprise une faillite annoncée. Si cela n'est pas révolutionnaire comme méthode de dissuasion, je ne sais pas ce qu'il vous faut pour être bluffés ! Pour donner à la chose sa dimension psychologique, la dirlote de l'agence, formée dans on ne sait quelle école, a lancé une campagne d'affichage avec le portrait du grand-père totalitaire réclamant le paiement des factures dans les délais les plus rapides. Le résultat a de quoi faire cogiter les esprits le plus rompus aux équations sophistiquées : en quelques semaines presque toutes les factures ont été réglées !
Ah ! L'idéologie ! Cela me fait penser à cette autre aventure survenue en Chine il y a un moment déjà. La Chine aussi est un pays à fort potentiel idéologique. Tout comme jadis l'Espagne, la Grèce, le Portugal, le Chili... La chose s'est passée dans un bureau de poste chinois. Ah ! La queue dans un bureau de poste ! En Chine ou ailleurs, c'est d'un agaçant ! A plus forte raison quand on a le ventre vide. Dans la file d'attente, l'un des clients est en train de sniffer la lettre qu'il s'apprête à poster. Pour passer le temps ? Naturellement, tout le monde pense que la missive est remplie de cocaïne. Ah, les mauvais esprits ! Sniffer dans un bureau de poste, faut-il qu'il soit accro le quidam ! Que nenni ! Tout le monde se goure. Renseignement pris, avec la délicatesse qu'on imagine dans ce pays, la lettre est affranchie avec un timbre parfumé à la soupe de cochon, édité pour célébrer l'année du sympathique animal en 2007, il doit être gratté pour qu'il dégage l'odeur délicieuse du mets. Léché, il en possède aussi le goût.
Pendant qu'on pense à se nourrir ou à l'idée de ce faire, on ne pense pas à autre chose. Un vrai régime idéologique !

2 commentaires:

b.mode a dit…

ça ressemble au principe de l'épouvantail à moineaux. Sauf qu'on n'est pas des volatiles, si ?

clarky a dit…

oupela, c'est pas demain que je vais me mettre au régime ;)