mardi 10 novembre 2009

La fumée et le feu


L'ami et collaborateur Rem* nous fait parvenir ses coups de coeur au coeur de l'actualité. Soucieux, comme nous tous, d'élever son quotidien à un niveau de dignité acceptable, il s'est impliqué dans ce débat identitaire avec passion, mais aussi avec la conviction que la manipulation est la seule préoccupation gouvernementale. Aussi bien concernant l'opportunité de ce débat que beaucoup d'autres. N'oublions pas que les élections régionales de mars prochain représentent un enjeu important dans le choix du sujet qui nous occupe. Voici son coup de projecteur :
Historien de la colonisation, auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'immigration, Benjamin Stora juge suspecte l'injonction étatique à ouvrir un débat sur « l'identité nationale ». Pour lui, la mondialisation ou la construction européenne nourrissent, plus que l'immigration, une « crise de la question nationale » que la stigmatisation des immigrés et des Français d'origine étrangère ne saurait, en aucun cas, résoudre. Dernier ouvrage paru : « Le Mystère de Gaulle, son choix pour l'Algérie », Robert Laffont, Paris.
Extrait d'un entretien avec Benjamin Stora dans « L'Humanité » du 3 novembre 2009 :

Comment jugez-vous l'initiative gouvernementale prétendant définir « l'identité nationale » ?
"Cette initiative est très curieuse : elle ne correspond à aucune demande de définition de l'identité nationale émanant de la société. Cette question, en réalité, ne préoccupe ni le mouvement associatif, ni les partis politiques, ni les syndicats et ce que l'on appelle le mouvement ouvrier. C'est une proposition de débat qui vient d'en haut, de l'Etat. Là se situe le problème. Je me suis toujours méfié des initiatives étatiques relatives à l'écriture de l'histoire de la nation. On se souvient de la mobilisation des historiens contre la loi du 23 février 2005 définissant le système colonial comme « positif ». Ce genre d'initiative trahit une sorte d'obsession de l'État, qui veut à tout prix encadrer, régir l'écriture de la nation française. Le « débat » voulu par Eric Besson va, en outre, se tenir dans des lieux hautement symboliques : les préfectures. Participer à un débat sur la nation française, sur l'histoire de France, en se rendant à des convocations en préfecture, là où sont délivrés ou refusés les papiers aux étrangers, voilà qui est franchement très spécial.
Personnellement, je ne répondrai pas à une telle convocation. En revanche, je suis favorable à l'ouverture d'un débat sur l'histoire de France, jusque dans ses aspects - osons le mot ! - négatifs. De Vichy à la guerre d'Algérie, il y a beaucoup à dire sur l'histoire de France. Sur ses lumières, celles de la Révolution française, comme ses ombres, celles de la collaboration ou de la colonisation. Pour cela, les enseignants, qui sont en première ligne, ont besoin de moyens, et non pas d'injonctions. Ils n'ont pas besoin d'aller dans les préfectures pour transmettre l'histoire de ce pays et ses valeurs républicaines. »

2 commentaires:

b.mode a dit…

Ce débat est fumeux à la base et renifle seulement des vues électoralistes en direction de l'extrême droite

lediazec a dit…

Très belle intervention de Benjamin Stora. La lisant, je me suis dit que tout n'est peut-être pas perdu...